Merville :
« Si seulement les ancêtres pouvaient parler ! »
La dépêche du Midi ( Juin 199? )
« Notre article relatif à la découverte d’ossements sur le site de Belaire, a provoqué un important courrier et suscité un intérêt grandissant pour l’archéologie locale. Mais le passé ne s’ exhume pas facilement ! »
Les très nombreux ossements humains mis au jour dans l’ancien bois de Belaire (1), à l’endroit où s’édifie actuellement une maison individuelle, ne laissent d’alimenter les conversations mervilloises. A la suite de notre article paru le 7 juin dernier en pages départementales, des lettres nous ont été adressées dont l’une émane de M. Eric Marson, le propriétaire du terrain sur lequel ont été découvertes les sépultures.
Arrivée « en fanfare »
Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’ Eric Marson, Audois d’origine, ne pensait nullement faire une entrée aussi remarquée dans le village où il a décidé de s’établir. « J’aurais souhaité, pour un premier contact avec les Mervillois, une occasion plus conforme à mon vœu très cher de m’investir au sein d’une communauté humaine riche d’une longue histoire ». C’est raté pour ce nouveau citoyen plongé malgré lui dans le passé de son village d’adoption.
Un autre courrier, signé cette fois d’Étienne Pastre, n’hésite pas. à parler du saccage d’un «lieu de mémoire». Comment avoir déclaré constructible le site d’un ancien cimetière, s’étonne encore ce vieux Mervillois ?
Bref, on n’exhume pas le passé sans réveiller les vieilles histoires. Ne disons pas les vieux démons. Les lointains ancêtres dont certains reposaient ici depuis le XIVe siècle, ne demandaient rien à personne. Ils attestaient malgré eux la permanence d’un passé récemment oublié mais évoqué dans les vieux ouvrages.
L’abbé Jean Dancausse, et avant lui, l’abbé Larondo, mentionnaient ce cimetière des Pauvres situé au lieu-dit « La Carriéro de la Gleizo ». De la guerre de Cent ans jusqu’en 1720, furent mises en terre ici des générations de Mervillois.
Sans doute des centaines de tombes autour de ce qui devait être une ancienne église. Il s’agit de sépultures en désordre, placées parfois l’une sur l’autre et sur une superficie qui dépasse largement le terrain de M. Marson. De fait, on a toujours trouvé ici des ossements, parfois même affleurant le sol. Personne, à Merville tout du moins, ne pouvait en ignorer l’existence, ni les propriétaires, ni les élus.
Dans un courrier transmis au maire le 10 juin dernier, le conservateur régional de l’Archéologie Michel Vidal précise : « ce site était jusque là inconnu et n’a donc fait l’objet d’aucune mesure de protection. Les travaux de terrassement révèlent la présence importante de tombes et de fondations de murs de brique (2) ».
Inhumés dans le nouveau cimetière
Conformément à l’article L. 112-7. du code de la Construction des Bâtiments (qui réglemente la découverte de vestiges archéologiques), une réunion a été provoquée par le maire Fernand Bentanax. Dans la foulée, le propriétaire du terrain s’est vu autoriser par l’administration la poursuite de son chantier. Comme nous l’avions indiqué alors, aucun mobilier archéologique (si ce n’est, semble-t-il, quelques tessons de poterie), n’a été retrouvé parmi les sépultures.
Quant aux ossements, ils devront être ramassés et rassemblés, y compris ceux qui avaient été évacués avec les déblais. Ils seront remis au dépositoire municipal avant d’être ensevelis dans l’actuel cimetière.
Merville a ainsi l’impression de sauver une partie de sa mémoire.
J-. M. D.
(1) Dans un vieil ouvrage édité chez Privat, l’abbé Larondo souligne: « Le souvenir des lieux sacrés où reposent nos pères, est resté profondément gravé dans le coeur de tous. Voilà pourquoi, tous les ans, à l’époque des Rogations, la procession s’arrête sur la place du château, devant l’ancienne église et dans le chemin dit Carriéro de la Gleizo, devant l’emplacement de l’ancien cimetière ; le curé fait l’absoute et tous les assistants, à genoux, récitent un Pater et le De Profundis.
(2) « Des documents sont conservés au château de Merville, mais l’ancien cimetière ne figure pas sur l’ancien et le nouveau cadastre. Il est donc désaffecté et « ignoré » des Mervillois depuis au moins deux siècles », précise Michel Vidal dans sa lettre adressée au maire.
Si nous éprouvons la nécessité de ressortir cet article de la dépêche paru dans les années 90 suite à une découverte fortuite à Merville à propos d’ossements c’est parce que nos amis Florent et Lionel ont découvert un fragment d’ossement dans un champ (code FLM-F) très éloigné du site de « Belaire »…
Ce fragment, selon Michel, serait indiscutablement la partie haute d’un tibia avec le départ du péroné… (Humain ? Animal ?)
Michel a demandé l’avis d’un médecin à la clinique des cèdres.
(A suivre…)
Au cours de la même sortie, et au même endroit, notre ami Florent voit son attention attirée par un galet dont la forme l’intrigue !
En fait, après examen minutieux, il semble qu’il ait découvert un « fragment » de hache en pierre polie de l’époque néolithique !
A suivre…