Bulletin 009 – avril 2022

L’examen des collections d’artefacts recueillis sur le territoire de Merville nous a réservé une surprise de taille !
En effet, un fragment d’objet en bronze peut être identifié avec certitude comme provenant d’une statue du dieu Mercure. Il s’agit plus précisément du socle de la statue qui, fort abîmé par les labours modernes, a conservé par bonheur sur sa partie gauche un animal qui sans nul doute représente une chèvre !
Pour les spécialistes, on reconnaît immédiatement le socle ou piédestal d’une représentation habituelle de Mercure !
Un peu d’Histoire :
Mercure ne figurait pas parmi la religion romaine primitive . Au contraire, il est né d’un concept plus général car la religion romaine était issue de la fusion avec la religion grecque à l’époque de la République romaine, à partir du 4ème siècle avant JC. Son culte a été introduit également par l’influence de la religion étrusque dans laquelle les Turms* avaient des caractéristiques similaires. Dès le début, Mercure avait essentiellement les mêmes aspects qu’Hermès, portant des chaussures ailées (talaria) et un chapeau ailé (petasos), et portant le caducée , un bâton de héraut avec deux serpents enlacés qui était le cadeau d’ Apollon à Hermès. Il était souvent accompagné d’un coq, héraut du nouveau jour, d’un bélier ou d’une chèvre, symbolisant la fertilité, et d’une tortue, faisant référence à l’invention légendaire de Mercure de la lyre à partir d’une carapace de tortue.
Le Zeus primitif, plus d’une fois symbolisé par des haches en pierre, fut le Dieu des cavernes et fut élevé dans un antre du massif crétois de l’Ida, au cœur de cette montagne qu’Hésiode appelait la Montagne aux Chèvres. Zeus passait pour avoir été nourri par la chèvre Amalthée, dans l’antre de Psycho, situé dans le mont Lassithi, au sud de la ville crétoise de Lyktos. Ce sanctuaire, où l’on a retrouvé de nombreux ossements de chèvres, était beaucoup plus ancien que celui de l’Ida et paraissait avoir été fréquenté surtout aux XIIe et XIe siècles avant notre ère.
Les idées romaines à ce sujet sont encore plus significatives, puisque la chèvre apparaît sur un très grand nombre de sarcophages. Pour ne citer que la Gaule seule, le recueil d’Espérandieu indique à Narbonne un tombeau sur lequel figurent des chèvres ; dans la région de Tarbes, un fragment de stèle avec des chèvres en train de brouter ; à Saint-Cricq, près d’Auch, un sarcophage où deux chèvres s’attaquent à coups de cornes.

A Saint-Médard-d’Eyran, deux sarcophages représentent de nombreuses chèvres, isolées ou groupées, en même temps que les divinités chtoniennes (du mot grec signifiant la terre), allongées par terre et tenant à la main des cornes d’abondance.
Si l’on ajoute ces innombrables bas-reliefs, où le Mercure gallo-romain est accompagné d’une chèvre, sans doute parce qu’il remplit ici le rôle d’une divinité psychopompe, l’on est obligé de reconnaître que la chèvre a pris, dans l’antiquité polythéiste, une grande importance dans les conceptions funéraires et infernales. (Source : Wikipédia)

Une splendide statue de Mercure a déjà été découverte sur le territoire de la commune voisine : Larra !
(On peut la découvrir dans la « Maison de l’Histoire de Larra » où elle est conservée.
Il manque justement le socle de celle de LARRA et nous pouvons donc vous proposer un montage visuel de cette divinité telle qu’elle était présentée aux voyageurs de l’époque dans des lieux bien précis, a savoir au bord de certains passages d’importance car rappelons-le :
Mercure était la divinité protectrice du commerce et des routes commerciales !

  • Turms = nom d’une divinité étrusque équivalent de la grecque Hermès et de la latine Mercure.

Réunion du Bureau de la SAP

Les membres du bureau ne notre Société des Amis du Patrimoine des Hauts Tolosans ont eu le plaisir de se retrouver « sans contraintes » après cette période de « pandémie » qui a durant deux années obligé de nombreuses associations à mettre un frein à leur dynamique de développement.
Il s’agissait pour Florent Estivals (Secrétaire) Laurent Toffanello (Trésorier) et Michel Hastenteufel (Président) de préparer l’assemblée Générale et de relancer la dynamique du groupe d’amis à l’origine de cette nouvelle structure des Hauts Tolosans.

Florent – Michel – Laurent

Michel a rappelé que notre structure est pourvue de tous les moyens nécessaires à son bon fonctionnement à savoir : Numéros d’inscription au RNA, Numéro de Sirene et Siret, Assurance (Maif), Compte en banque (Crédit Agricole), Compte Paypal et site internet de
type “Wordpress” avec “nom de domaine” dédié “www.hautsTolosans.com”, et enfin un “bulletin de liaison” dont 9 numéros ont été diffusés.
Le compte en banque a pu bénéficier de plusieurs subventions de collectivités et de donations.

Compte rendu :
Afin de continuer dans l’esprit des précédentes rencontres, c’est autour d’une bonne table que le conseil d’administration se retrouvera en préliminaire ! L’assemblée générale s’en suivra alors conformément aux statuts.
Une date a été choisie et fixée au samedi 7 mai 2022.
Le lieu choisi est fortement symbolique puisqu’il est situé sur l’emplacement de l’ancien monastère de « La Capelle » à Merville ! Élément fort et important de notre patrimoine des Hauts-Tolosans, cet endroit est tout désigné pour accueillir notre assemblée grâce à l’aimable autorisation du propriétaire.
Parmi les éléments qui seront mis à l’ordre du jour, outre le rapport moral de l’exercice précédent, et le rapport financier, il sera important d’effectuer le tirage au sort des renouvellements par tiers des membres du conseil d’administration.
Il pourra également être proposé au cours de cette assemblée de procéder à l’élection du nouveau bureau.
Lors de son rapport moral, le Président reviendra sur le rappel de l’article 2 fixant les objectifs et les missions qui vont guider les futurs travaux et actions de la SAP des Hauts-Tolosans.

Chapelle Saint-Orens de Marnac à Thil

Afin de contribuer à la restauration de cette chapelle, la SAP des HautsTolosans a versé une contribution de 500 Euros à l’association des Amis de la Chapelle en charge du projet.
Mr Marcel Sultana Président de l’association des Amis de la Chapelle a remis la SAP une plaque souvenir pour nous remercier de cette contribution !
Il faut savoir que très bientôt des travaux de consolidation urgents vont enfin pouvoir être effectués car cet édifice est en grande souffrance !
Bravo à l’Amicale !

Nouveau livre de José Fernandez : « Bouconne, au fil du temps »

Le dernier livre de José Fernandez intitulé «Bouconne au fil du temps» vient de paraître aux éditions Racaille de Toulouse. Il s’agit d’une balade à travers les âges, dans cette forêt aux portes de Toulouse, fréquentée aujourd’hui par un public de plus en plus sensible à l’environnement naturel.
Comment vous est venue l’idée de ce livre ?
Pour plusieurs raisons. J’ai travaillé pendant plus de 35 ans au service du syndicat mixte de Bouconne en côtoyant administrateurs et usagers de la forêt et j’ai pu aborder ainsi, dans ma vie professionnelle, de nombreux aspects de Bouconne.
Ensuite, sans vouloir démystifier les contes et légendes de la forêt qui doit garder sa part de mystère qui en fait son attrait, je crois que l’on ne protège que ce que l’on aime et que l’on n’aime que ce que l’on connaît.
Ma modeste ambition, à travers ce livre, est de porter à connaissance différents côtés de Bouconne pour mieux connaître cette forêt et contribuer à sa protection.

José FERNANDEZ

Pouvez-vous résumer cet ouvrage ?
Je n’ai pas de légitimité universitaire ni scientifique pour parler de Bouconne ; ce n’est qu’avec mon expérience de la forêt, mes lectures et mes recherches pendant les différents confinements, que je propose «Bouconne au fil du temps ». La première partie est consacrée à l’histoire au cours des siècles de cette forêt péri-urbaine et la suite, jusqu’à nos jours, reprend plusieurs aspects et problématiques de la gestion de
cette forêt à travers la sylviculture, la biodiversité, sa protection et l’accueil du public.
Bouconne a-t-elle une particularité ?
Il est amusant de constater qu’à travers les âges, l’esprit contestataire de notre région est toujours là. Au cours des premiers siècles, les paysans riverains qui utilisaient la forêt étaient en conflit permanent avec les seigneurs locaux propriétaires de Bouconne. Ces conflits se sont poursuivis entre la population en périphérie de la forêt et l’administration royale qui a « nationalisé » des forêts françaises comme Bouconne.
Aujourd’hui, on retrouve parfois ces oppositions entre les visiteurs qui utilisent la forêt pour leurs loisirs et les organismes chargés de la gestion de Bouconne.
Comment voyez-vous l’avenir de Bouconne ?
Cette forêt est maintenant sous statut de protection par l’État et inscrite au réseau Espace Naturel Sensible du Conseil départemental de la Haute Garonne pour les parties domaniales et communales gérées aujourd’hui par l’Office National des Forêts. Je suis serein pour son avenir. Il reste toutefois un sacré challenge à relever qui va consister à concilier l’exploitation forestière de Bouconne avec la gestion et la protection de son environnement et l’accueil désormais nécessaire du public en forêt.
Il est possible de commander ce livre directement auprès de l’éditeur (racaille-blog.com) ou par le biais des librairies de son choix. Contact de l’auteur au 06 08 02 50 35

Michel raconte : la « Palanque » de LARRA

Durant le week-end du 10 janvier 2022, un bulletin d’alerte était diffusé par la municipalité de Larra : « Prudence : en raison des fortes pluies dues à la forte dépression atmosphérique bloquée contre les Pyrénées, nos cours d’eaux vont déborder ! » et, effectivement, à Larra, en quelques heures les riverains de Saint Séverin virent déferler des eaux venant de la Save qui débordait de toute part, auxquelles eaux s’ajoutait l’apport exceptionnel de celles du « ruisseau de Saint Séverin » débordant lui aussi de son lit ! L’ancienne bâtisse de Saint Séverin se retrouva soudainement cernée par les eaux jusqu’au seuil des habitations rappelant la même et grande inondation de Juillet 1977 qui pénétra dans les chais et était restée gravée dans les mémoires !
Pour cette année, on apprend tristement que l’ancien « four à pain » qui datait de 1162 s’est effondré ! Une perte certainement inestimable pour notre patrimoine bâti communal !
L’apport du ruisseau de Saint Séverin fut exceptionnel cette année car il ne faut pas oublier qu’il fait partie de la réunion de trois autres ruisseaux importants : ceux de Cornac, des bellots et du fort d’Agia ! Autrement dit, il contribue à l’assainissement du tiers sud-ouest de notre commune ! Les autres tiers étant assujettis au Rieu-Tort (Plateau de Gaoussem-Larra) et au Merdans (Plateau de Launac-Larra). Toutes ces zones connaissaient donc à ce moment des précipitations exceptionnelles qui expliquent l’ampleur soudaine de cette crue de 2022 !
Pour en revenir à notre ruisseau de Saint Séverin, on se souvient que jadis, en 1826, sur le « plan Napoléon », il s’appelle « Ruisseau d’Engasc » (lieu dit à proximité des Bellots). Le plan antérieur de 1740 nous indique : « Ruisseau de Lagrange de Sauvy« , Sauvy étant probablement un dérivé de Séverin ?… (Monsieur le Maire de Larra nous fait part qu’une carte précise des cours d’eaux de Larra est actuellement en cours d’élaboration). Notre ruisseau était d’ailleurs, jadis, tristement resté dans les mémoires car, en 1767, une jeune fille de la famille Arbus des Malets s’y était noyée en voulant se rendre à l’église de Saint Séverin à la fameuse « Palanque » objet de cet article, là même ou un curé faillit subir le même sort ! « Cette Palanque subissant les ravages réguliers des crues soudaines du ruisseau » précisaient les Larrassiens à cette époque !

Les historiens de Larra connaissent bien cette « Palanque » car elle figure sur le plan de 1740 et il s’agissait en fait, d’un pont qui franchissait le ruisseau pour se rendre à l’église de Saint Séverin. Une église « séculaire » puisqu’elle est issue d’un ancien oratoire existant probablement avant l’implantation des bâtiments élevés en ce lieu par les moines de l’Abbaye de Grandselve, très précisément en 1162, selon les archives. L’église, contemporaine des moines, sera desservie jusqu’à la période révolutionnaire où, fatiguée après six siècles, et subissant une violente tornade orageuse, elle s’effondra entièrement pour le plus grand désarroi des habitants qui se voyaient privés de lieu de culte à Larra !
Si le ruisseau de Saint Séverin peut prendre des allures de torrent ravageur, il peut également, en période de sécheresse se trouver complètement asséché et, quelques trous d’eaux subsistants hébergent alors, heureusement, les quelques poissons et toute la faune aquatique qui y trouve quelques refuges salvateurs ! L’été de 2015 ayant été particulièrement chaud et sec, ce fut l’occasion pour notre groupe Histoire de tenter de retrouver l’emplacement de cette ancienne palanque disparue depuis au moins deux cent ans ! Tels des « explorateurs », rampant dans le lit asséché et sous les ronces, c’est notre Florent qui découvrit le premier un bout de brique « foraine » qui dépassait à peine sur une des berges abruptes à cet endroit… Nos compères armés de pelles et d’une pioche entreprirent de dégager cette brique qui s’avéra être la partie haute d’un petit muret ! Bingo, c’était bien l’emplacement de notre « Palanque » ! Il fallut alors une bonne quinzaine de journées à nos archéologues en herbe pour dégager des tonnes de graviers et de limons pour faire apparaître au final un « superbe » ouvrage « d’époque médiévale » qui devait nous révéler de nombreux détails sur le génie des moines qui l’avaient sans doute bâti et ce pour plusieurs raisons !
En effet, des « rainures » de part et d’autres permettaient de barrer le cours du ruisseau, suffisamment haut pour alimenter la vaste « mare » qui jouxtait l’ouvrage (aujourd’hui disparue car comblée vers 1800) ! Un vivier et une retenue d’eau qui avaient l’avantage de fournir un point d’eau pour la bergerie, la basse-cour mais aussi certainement aux poissons qui remontaient depuis la Save comme aujourd’hui encore pour se reproduire ! Mais surtout ce barrage « réglable » devait servir à réguler le cours du ruisseau et, grâce à la mare, sorte de « bassin de rétention » ou « déversoir d’orage« comme on les construit aujourd’hui dans nos lotissements, devait justement protéger les bâtiments des crues soudaines ! Nous n’avons rien inventé !
Le groupe histoire a fièrement présenté sa découverte à Mr Jean Marc Luce Archéologue, professeur à l’université du Mirail « chargé de mission« , qui a visité l’ouvrage avec tous ses élèves en 2016. Aujourd’hui, les graviers et les crues récentes du ruisseau ont malheureusement tout réenseveli !